A Londres, le candidat Sarkozy veut s'inspirer du "pragmatisme" de Blair

Nicolas Sarkozy, qui effectuait mardi à Londres son premier déplacement à l'étranger depuis l'annonce de sa candidature à l'Elysée, veut s'inspirer du "pragmatisme" de Tony Blair, le Premier ministre britannique qui a su "moderniser son pays" et lui assurer "le plein emploi".

Assurément, le travailliste Tony Blair, très critiqué par la gauche française, est au contraire une sorte de modèle pour la patron de la droite qui le rencontrait mardi pour la huitième fois depuis 2002, date de la réélection de Jacques Chirac et de son entrée au gouvernement.

"Pragmatique, ouvert, utile à son pays": M. Sarkozy, qui, lui aussi, souhaite un nouveau modèle social pour son pays, ne tarit pas d'éloges pour le chef du gouvernement britannique.

Il se fait fort d'apparaître comme l'un des proches de M. Blair - "il y a une grande confiance et beaucoup de proximité entre nous" - au point de commettre un lapsus, qu'il mettra quelques secondes à rectifier: "les socialistes européens peuvent être fiers de ce qu'a fait l'un des nôtres", a lancé le ministre-candidat... avant de corriger: "l'un des leurs".

La journée avait commencé par un déjeuner au 10 Downing street, au cours duquel M. Blair a exposé à M. Sarkozy comment il se servait des technologies les plus en pointe pour développer le système des "e-petitions", les pétitions par internet adressées au Premier ministre, très en vogue outre-Manche.

© AFP

Nicolas Sarkozy devant les medias après sa rencontre avec Tony Blair à Londres le 30 janvier 2007

Après le déjeuner, les deux hommes sont apparus ensemble sur le pas de la porte, où ils ont discuté plusieurs minutes et échangé de solides poignées de mains, le temps pour les nombreux photographes et cameramen d'immortaliser leur "proximité".

"J'apprécie beaucoup Tony Blair", a insisté Nicolas Sarkozy. De lui "j'apprends que le pragmatisme et l'ouverture en politique, ça compte", a-t-il ajouté.

Pour autant, "il ne s'agit pas de plaquer un modèle" sur le cas français, a tenu à tempérer le candidat, cherchant peut-être ainsi à devancer ses détracteurs qui, en France, l'accusent d'être trop proche du modèle social anglo-saxon.

"On a évidemment des désaccords, par exemple l'affaire de l'Irak", dans laquelle Paris, contrairement à Londres, n'a pas rejoint la coalition menée par George Bush, a également tenu à rappeler M. Sarkozy.

M. Sarkozy, qui envisage, s'il est élu, de conditionner l'indemnisation des chômeurs à la recherche effective par ces derniers d'un emploi, a pu constater de visu que la Grande-Bretagne avait déjà mis en route, visiblement avec succès, cette méthode, en allant visiter le "Marylebone job center", l'un des 84 centres de recherche d'emplois de la capitale britannique.

"Ils veulent aider les gens, ce qui est tout à fait normal, mais en contrepartie de l'aide donnée, ils exigent un minimum d'engagement pour que celui qui reçoit de la collectivité se donne le minimum de mal pour obtenir un travail et l'exercer", a-t-il affirmé.

"Le résultat, c'est 4,5% de chômeurs en Grande-Bretagne, c'est-à-dire deux fois moins qu'en France. Je pense que le système qui consiste à penser qu'on ne peut aider personne qui ne se donne le mal de s'aider lui-même, c'est un bon raisonnement", s'est-il exclamé.

Une analyse que devraient apprécier les Britanniques: The Guardian, quotidien pourtant de gauche, saluait déjà, dans son édition de mardi, le candidat de la droite française: "non, Nicolas Sarkozy n'est pas le Thatcher français. Et certaines de ses positions sont mêmes quelquefois plus à gauche que celles de la gauche française", affirmait un éditorial du journal.

Comments

[Rédigé par : Matthieu]

... et son équipe aurait du s'en inspirer! l'organisation de la réunion publique était désastreuse: pas de service d'ordre (6 vigiles!), file d'attente sur la chaussée, molestage de ceux qui attendaient de rentrer avec une invitation pendant que d'autres rentraient sans. Les meetings sont en général fait pour gagner des voix, Mr Sarkosy en a perdu beaucoup à Londres aujourd'hui, dont la mienne. Beaucoup d'autres français de Londres ont quitté leur travail plus tot pour se rendre à ce meeting, nous aurions mieux fait d'aller au pub!
Matthieu