Jacques Chirac a appelé vendredi à une "révolution" des consciences, de l'économie et de l'action politique pour sauver la planète, à l'ouverture d'une conférence internationale sur la gouvernance écologique mondiale.
"Face à l'urgence, le temps n'est plus aux demi-mesures: le temps est à la révolution. La révolution des consciences. La révolution de l'économie. La révolution de l'action politique", a dit le président de la République d'une cérémonie au palais de l'Elysée.
La conférence coïncide avec la publication du rapport très attendu des experts du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). Selon celui-ci, les émissions de gaz à effet de serre dues à l'activité humaine causeront de graves dérèglements climatiques, avec un réchauffement et une hausse du niveau des mers "pendant plus d'un millénaire".
"Le jour approche où l'emballement climatique échappera à tout contrôle: nous sommes au seuil de l'irréversible", a averti Jacques Chirac, qui s'exprimait devant quelque 200 représentants de plus d'une cinquantaine de pays réunis à Paris pour lancer le projet d'une Organisation des Nations unies pour l'environnement.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, la présidente de l'Assemblée générale de l'ONU, Sheikha Haya Rashed Al-Khalifa, la primatologue Jane Goodall, connue pour sa défense des grands singes, et l'écologiste Nicolas Hulot se trouvaient aux côtés du chef de l'Etat.
M. Chirac a estimé qu'il fallait "construire une gouvernance mondiale de l'environnement. L'unilatéralisme, dans ce domaine aussi, mène à une impasse".
Il a ainsi proposé de transformer l'actuel Programme des Nations unies pour l'Environnement (PNUE) "en une organisation des Nations unies à part entière".
"Cette ONUE portera la conscience écologique mondiale", a-t-il dit en soulignant que "forte d'un mandat politique, (...) elle donnera plus de force, plus de cohérence à notre action collective".
"L'ambition de notre conférence, c'est de (...) constituer un groupe de pays pionniers, prêts à porter ce projet d'Organisation des Nations unies pour l'environnement, afin de convaincre les pays qui hésitent encore", a conclu M. Chirac.
Si les Européens ont adhéré à ce projet, les principaux pays pollueurs comme les Etats-Unis et la Chine ou les grands pays émergents tels le Brésil ou l'Inde y sont hostiles.
M. Chirac a aussi proposé l'adoption à l'ONU d'une "Déclaration universelle des droits et des devoirs environnementaux.
Il a insisté sur la nécessité d'une "transformation radicale de nos modes de production et de consommation", soulignant qu'il fallait "susciter des ruptures technologiques" en développant les énergies sans gaz à effet de serre, le chauffage solaire ou les bioénergies tout en renforçant les économies d'énergie.
Mais, selon lui, il faut aussi éviter "la guerre écologique" avec un effort "équitablement réparti" entre pays du nord et du sud et une aide aux pays pauvres, les plus affectés par le changement climatique.
"Sachons allier lutte contre la pauvreté et révolution technologique, en reprenant la notion de patrimoine commun de l'humanité", a déclaré M. Chirac en proposant à nouveau d'instaurer "une taxation internationale sur le carbone".
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