Les défenseurs de l'impôt montent au créneau

Face à la promesse du candidat UMP à la présidentielle Nicolas Sarkozy de réduire nettement le taux de prélèvements obligatoires, des voix s'élèvent pour défendre l'impôt et son rôle de levier économique autant que son aspect redistributif.

Une pétition intitulée "Pourquoi nous consentons à l'impôt", à l'initiative du mensuel Alternatives économiques, a été lancée mardi sur internet. Elle a été signée par des personnalités, dont beaucoup sont classées plutôt à gauche ou au centre, selon le journal.

Parmi les signataires, des économistes comme Philippe Askenazy (ENS) ou le directeur des études de Dexia Anton Brender, quelques chefs d'entreprises, beaucoup d'universitaires et encore Jacques Delors.

"Nous consentons à l’impôt et récusons des baisses de la fiscalité dont la contrepartie serait l’insuffisance des moyens donnés à la protection sociale des plus pauvres, à l’éducation, à la recherche, à la santé, au logement ou encore à l’environnement", assurent les signataires.

Les "dépenses ne sont pas seulement un coût, elles sont aussi un investissement, gage à la fois de justice et de dynamisme", ajoute le texte soutenu en une par le quotidien Libération.

L'idée "est née de la polémique autour des propos de François Hollande" d'augmenter les impôts de ceux qui gagnent plus de 4.000 euros nets par mois et des propositions de Nicolas Sarkozy de réduire de quatre points les prélèvements obligatoires et l'impôt sur les successions pour les plus aisés, a expliqué à l'AFP l'un de ses initiateurs, le directeur de la rédaction d'Alternatives économiques Philippe Frémeaux.

Ces déclarations politiques ont relancé un débat gauche-droite sur la fiscalité, qui s'était cristallisé autour de l'exil en Suisse de Johnny Hallyday pour échapper à l'impôt.

"Il nous a semblé nécessaire de remettre un peu de sens de l'intérêt public dans cette affaire", explique M. Frémeaux. Il rappelle que les impôts financent "des dépenses publiques qui, de toute évidence, profitent à tous".

Si, à 44% du produit intérieur brut, le taux de prélèvements obligatoire est supérieur en France à la moyenne européenne, "on en a globalement pour notre argent", juge-t-il, rappelant à titre d'exemple l'exception française des maternelles gratuites.

Le principe de l'"impôt citoyen" défendu par la pétition est aussi au centre d'un essai que vient de publier sous le titre "Vive l'impôt!", l'économiste Liêm Hoang-Ngoc, professeur à la Sorbonne et proche du Parti socialiste. Il y récuse le postulat selon lequel baisse des impôts rimerait avec efficacité économique et défend le projet socialiste d'une fusion entre la contribution sociale généralisée et l'impôt sur le revenu.

La défense de l'impôt a rencontré un écho dans l'opinion. Selon un récent sondage, la proposition du premier secrétaire du Parti socialiste d'augmenter les impôts des plus aisés est soutenue par 57% des Français.

Mardi en fin d'après-midi, plus de 5.000 personnes avaient signé la pétition d'Alternatives économiques, qui d'ailleurs ne préconise pas une augmentation de la fiscalité. A niveau de prélèvements constant, "il y a une marge de manoeuvre pour améliorer l'efficacité de la machine publique", souligne M. Frémeaux.

Expert des questions fiscales, Christian Saint-Etienne, qui siège au Conseil d'analyse économique (CAE) placé auprès du Premier ministre, juge de toutes façons "exclu de baisser les prélèvements obligatoires dans les deux prochaines années" car "la priorité c'est de réduire le déficit".

Comments

[Rédigé par : mtz]

L'idée est intéressante et je vais la faire remonter. Il faut néanmoins en calculer le coût réel et y mettre certain garde fou. Merci de votre participation.

[Rédigé par : Denis]

Taxer la différence et réduire l’indifférence

Ne serait-il pas possible de joindre à la déclaration de revenus une déclaration de dépenses et taxer uniquement sur le delta

Ne plus écœurer les citoyens contribuables qui veulent et qui gagnent de l’argent.

Ne plus leur donner l’envie de s’expatrier, mais au contraire les incites à dépenser cet argent gagné dans le pays
Libre à eux de s’offrir une qualité et un confort de vie proportionnel à leurs revenus en employant directement ou indirectement des domestiques, des chauffeurs des cuisiniers des jardiniers des secrétaires des comptables etc.…

De créer par ce biais de nombreux petits emplois qui eux-mêmes deviennent des employeurs et des consommateurs.

Accroître et simplifier la création la fiscalite des petites entreprises de services.

Redonner ces lettres de noblesse a l’artisanat

Améliorer la qualité, le savoir-faire en développement la concurrence

Cette taxation permettrait peut etre d'éradiquer le travail au noir (gangrène souterraine de l’économie et de l’artisanat)et par ce fait une bonne partie du chomage