Un rapport parlementaire remis mercredi au Premier ministre entend aider les femmes à mieux concilier maternité et travail en incitant les pères à partager le congé parental et en garantissant un mode de garde pour les enfants de deux à trois ans.
Montré en exemple pour son efficacité à favoriser la natalité en France, l'une des plus élevée des pays développées, l'accueil de la petite enfance souffre encore d'une pénurie qui pénalise en priorité les femmes.
Les deux-tiers des enfants de moins de trois ans sont gardés par l'un des parents, un sur dix seulement est en crèche.
Le succès du congé parental d'éducation (6 mois pour le premier enfant, un an renouvelable deux fois pour les autres, avec une allocation allant jusqu'à 530 euros), dont bénéficiaient 580.000 parents fin 2005, a paradoxalement porté tort au travail des femmes, notamment précaires.
Dans le couple, ce sont elles en effet, dont le salaire est en moyenne inférieure à celui des hommes, qui renoncent à l'emploi. "Une part importante des femmes ayant choisi d'arrêter de travailler aurait souhaité continuer", souligne le rapport.
A une réduction de la durée de ce congé, "qui aurait pour conséquence de plonger de très nombreux parents dans une situation difficile", le rapport préfère des mesures d'"incitation" au retour à l'emploi: plan personnalisé de retour à l'emploi, incitations financières, compensation du coût de la garde de l'enfant pendant la recherche d'emploi.
Il propose aussi des mesures fortes pour inciter les pères à partager le congé parental, afin de permettre aux femmes de retourner plus rapidement à leur travail, mais aussi "promouvoir l'égalité entre les sexes dans le monde du travail".
Prenant en exemple le modèle suédois, Valérie Pécresse propose une double incitation.
D'une part, 60 jours seraient réservés au père, sur la durée légale de trois ans, mais seraient perdus s'ils n'étaient pas pris. D'autre part, une prime de l'ordre de 250 euros par mois, dans la limite de six mois, serait attribuée au père s'il prenait une partie du congé parental, à condition que la mère reprenne un emploi ou suive une formation professionnelle.
Un rapport de l'IGAS (Inspection des affaires sociales) en septembre 2006, avait déjà préconisé de "réserver" deux mois du congé parental aux pères.
Le rapport préconise aussi de développer en priorité l'offre de garde des deux-trois ans, avec l'objectif à terme d'"un droit de l'enfant à être gardé" à cet âge.
Estimant que le coût des crèches, "dû aux normes imposées", est un "obstacle" à leur développement, la députée des Yvelines privilégie le "jardin d'enfants", dont le taux d'encadrement est moins élevé, qui pourrait accueillir les petits dès deux ans au lieu de trois.
Après la remise du rapport, Matignon a indiqué que le gouvernement allait "formuler" de "premières orientations" sur l'articulation entre vie familiale et vie professionnelle.
D'autres mesures sont avancées, comme la validation des acquis de l'expérience parentale dans l'accès à l'emploi, l'obligation d'inclure dans les négociations triennales de branches la question de l'articulation entre vie au travail et vie familiale.
Egalement consacré à l'accueil de la petite enfance, un rapport du Centre d'analyse stratégique (CAS), qui doit être publié prochainement et dont Le Monde publie des éléments mercredi, préconise d'instaurer des "schémas départementaux d'organisation de la petite enfance", pour corriger les inégalités territoriales, et de mieux informer les familles.
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