Le collectif d'associations, syndicats et statisticiens, qui conteste depuis Noël les chiffres officiels du chômage, a annoncé mercredi la tenue d'"états généraux des chiffres du chômage et de la précarité" le 29 mai à Paris "pour sortir par le haut de la controverse".
"Notre démarche est de montrer la nécessité de disposer de plusieurs indicateurs pour suivre l'évolution sociale du pays", a expliqué à la presse Thomas Coutrot, un des animateurs du collectif baptisé Les autres chiffres du chômage (ACDC).
Depuis Noël, ACDC a mis en cause successivement l'importance du nombre de "chômeurs invisibles", l'exclusion des listes ANPE de chômeurs "radiés" ou "dégoûtés", la "dégradation importante" de l'indemnisation avec désormais moins de la moitié des chômeurs indemnisés par l'assurance chômage (Unedic), et la "fétichisation" de statistiques qui décrivent mal le marché du travail.
Dans une cinquième et ultime note publiée avant la fin de la campagne présidentielle, le collectif poursuit sa critique, en revenant sur les inégalités qui se sont "considérablement aggravées entre 2002 et 2005" alors que "le taux de chômage officiel n'a guère varié" sur la période.
"Les inégalités et la pauvreté sont reparties à la hausse après 2002 pour atteindre en 2005 le niveau le plus élevé enregistré depuis 25 ans", dit-il.
La note cite le chiffre de 10,2% de la population, soit environ 6,4 millions de personnes, dépendant des minimas sociaux en 2005, "un record absolu".
Elle s'appuie aussi sur un Baromètre des inégalités et de la pauvreté, le BIP40, édité depuis 2002 par le Réseau alerte sur les inégalités (RAI).
Le creusement des inégalités s'explique pour 20% par le chômage et pour moitié par les inégalités en matière de logement, sur fond de flambée de l'immobilier et des loyers, selon le collectif.
"Les salariés sont pris en tenaille entre des bailleurs qui demandent des garanties fortes et des employeurs qui proposent des emplois peu garantis", a souligné Pierre Concialdi, membre du collectif.
Sur une échelle de 0 à 10 du BIP40, le curseur des inégalités s'est déplacé depuis le début des années 80 de 4 à 5,5 points en 2005.
Cet indicateur alternatif, conçu par des chercheurs, des syndicats et des associations comme Droit au logement, inclut notamment les écarts d'espérance de vie, ou en matière de justice, le taux d'incarcération, un taux élevé soulignant un manque de cohésion sociale
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