L’élection présidentielle et les élections législatives, surtout depuis l’instauration du quinquennat, forment un tout.
Michel Debré définissait ainsi en 1958 les institutions de la Ve République : « un chef de l’Etat et un Parlement séparés, encadrant un gouvernement issu du premier et responsable devant le second ».
Elire un président de la République ne suffit pas à engager une politique. Il faut que le président élu en mai dispose en juin d’une majorité à l’Assemblée nationale pour mettre en œuvre son programme ; si Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal étaient élus, je pense que tous deux trouveraient une majorité, Sarkozy de droite et du centre, Royal de gauche et d’extrême gauche, qui leur permettrait de conduire une action politique.
On entrerait alors dans un « schéma à l’italienne » avec une majorité où il faut trouver des compromis en permanence. « A l’italienne » et non « à l’allemande », comme le souhaiterait François Bayrou car, en Allemagne, il n’y a pas de parti centriste. La droite et la gauche, parce que ni l’une ni l’autre n’avait gagné les élections, ont décidé de gouverner ensemble. Et la « grande coalition » qui résulte de leur accord est incapable aujourd’hui d’appliquer un programme cohérent : l’Allemagne vient d’assister à l’échec retentissant de la réforme - pourtant nécessaire - de l’assurance maladie. C’est le « mirage du compromis à l’allemande », selon l’analyse du professeur Enderlein dans Le Monde du 14 avril dernier. A l’approche des élections, les deux partis affichent des options contradictoires, utilisant toutes les possibilités pour affaiblir « l’adversaire-partenaire ». Ce n’est pas un bon système. Si M. Bayrou rêve d’un « schéma à l’allemande », il doit savoir que, de toute façon, ce serait sans lui !
Beaucoup en France attendent le changement, mais ils doivent tenir compte dans leur raisonnement des élections législatives qui donneront – ou ne donneront pas – au président élu la majorité nécessaire pour conduire un tel changement.
Oui, les prochaines élections se joueront à quatre tours. Il faudra patienter jusqu’à la fin du mois de juin pour connaître la prochaine équipe - président, majorité, gouvernement - qui aura la charge de conduire le pays.
Mais si François Bayrou devait être élu, il ne trouverait pas de majorité à l’Assemblée. Son élection risquerait fort d’entraîner le pays dans une crise grave, car il ne pourrait pas – en quelques semaines – modifier le mode de scrutin pour les élections législatives et introduire la représentation proportionnelle.
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