Favori pour le deuxième tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy, arrivé largement en tête dimanche avec 31,18% des voix, veut s'adresser aux électeurs du centre sans éloigner ceux de l'extrême droite.
Après avoir mené une stratégie gagnante de premier tour en "droitisant" nettement son discours, M. Sarkozy doit désormais prendre en compte le poids nouveau du centriste François Bayrou (3e avec 18,57%) et gagner encore sur l'électorat FN (10,44%) pour l'emporter sur la socialiste Ségolène Royal.
Cela semble à sa portée, si l'on en croit les premiers sondages d'intentions de vote, qui le donnent vainqueur le 6 mai avec 52% à 54% des voix.
"Rassembler le peuple français autour d'un nouveau rêve français": en exprimant cette ambition dès les premières estimations, le candidat UMP s'est tourné vers les "Français qui ont peur" et les "accidentés de la vie", dans lesquels on pouvait voir les électeurs des extrêmes.
Et il a tenté de démentir les accusations de "brutalité" portées contre lui en exaltant une "France fraternelle".
Dès dimanche soir, comme s'ils ne doutaient pas de leurs réserves de voix à la droite de l'UMP, ses proches se sont chargés de multiplier les appels à l'électorat centriste.
"La main est tendue, la porte est ouverte. Nicolas Sarkozy n'a jamais insulté les électeurs de François Bayrou", a assuré sa porte-parole Rachida Dati.
Alors que le leader UDF --qui avait fait du candidat UMP son adversaire de choix-- n'a pas donné de consigne de vote et que Nicolas Sarkozy avait dénoncé par avance les "combinazione", l'UMP affiche sa volonté de s'adresser aux électeurs plutôt qu'aux états-majors.
"On ne passe pas par les appareils", "l'entretien, le face à face, c'est avec l'électeur", a déclaré lundi Brice Hortefeux, proche de l'ex-ministre de l'Intérieur, en estimant que "les valeurs portées par François Bayrou sont naturellement beaucoup mieux incarnées par Nicolas Sarkozy que défendues par Ségolène Royal".
Signe de cette volonté de rassembler vers le centre, François Fillon, "premier ministrable" de M. Sarkozy, a annoncé lundi la mise en place autour du candidat UMP d'un "pôle centriste" et d'un "pôle de gauche", dont l'un des animateurs sera le député Eric Besson (ex-PS), rallié la veille au champion de la droite.
Tout en faisant campagne sur "valeur travail" et "identité nationale", Nicolas Sarkozy avait, avant le premier tour, pris soin d'afficher ses soutiens centristes, tels Simone Veil.
C'est d'ailleurs avec elle qu'il a effectué lundi matin son premier déplacement de second tour, dans un foyer de femmes en détresse à Paris.
Dès dimanche soir, plusieurs députés UDF qui lui avaient apporté leur soutien, dont André Santini et Christian Blanc, ont appelé au rassemblement autour du candidat UMP.
Centriste d'origine, le ministre Jean-Louis Borloo est allé jusqu'à juger "nécessaire" et "indispensable" que les membres de l'UDF "soient massivement au gouvernement", en cas de victoire de Sarkozy.
L'ancien Premier ministre Alain Juppé a souligné, lui, que l'UMP a "depuis des décennies une longue habitude de travail avec l'UDF", manière de rappeler que les députés UDF ont été élus avec les voix UMP et pourraient avoir à faire un choix avant les législatives.
Enfin, M. Sarkozy, cible avant le premier tour d'attaques virulentes de la gauche et de l'UDF, devra éviter un front "Tout sauf Sarkozy" promis par certains.
Un risque "marginal", veut croire un cadre de l'UMP, pour qui le second tour est d'abord un vote d'adhésion.
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