La large victoire de l'UMP au premier tour des législatives a conforté la stratégie de Nicolas Sarkozy, parvenu à fragiliser le PS, siphonner le Front National, assécher le MoDem et attirer des socialistes dans son équipe gouvernementale.
Cinq semaines après son élection à l'Elysée, les Français étaient en passe de donner à M. Sarkozy la "large majorité" qu'il réclamait pour mener à bien ses réformes.
"Vague bleue", déferlante, tsunami: ces qualificatifs étaient le plus souvent employés par les commentateurs pour décrire la victoire de l'UMP qui préfigure une domination sans partage du parti présidentiel dans la future Assemblée.
"Nicolas Sarkozy aura réussi, ce qui est la combinaison gagnante dans tout scrutin, à incarner à la fois l’aspiration à la sécurité et le désir de changement", a estimé le politologue Philippe Braud.
Les politologues s'accordent sur un point: les législatives, venant dans la foulée de la présidentielle, sont devenues "des élections de confirmation et d'amplification du scrutin présidentiel".
Le succès de l'UMP s'explique d'abord par "la dynamique" créée "autour de la victoire de Nicolas Sarkozy qui fait qu'on vole au secours de la victoire", considère Jérôme Fourquet, de l'institut de sondages IFOP.
Il y a "un phénomène de cohérence politique qui fait qu'on souhaite donner la majorité au président élu pour qu'il puisse appliquer son programme", a-t-il ajouté, alors que M. Sarkozy a promis de mettre en oeuvre rapidement un ambitieux ensemble de réformes économiques, sociales, fiscales, environnementales et institutionnelles.
Dans les enquêtes d'opinion, les Français approuvent d'ailleurs largement les premiers pas du nouveau président de la République et de son gouvernement, "un sans-faute", selon M. Fourquet. Dans le baromètre IFOP/JDD, il obtient le deuxième meilleur score d'entrée en fonction depuis le premier mandat du général de Gaulle.
Mais, pour le politologue, c'est "surtout l'ouverture politique", avec l'entrée au gouvernement de personnalités du centre et de la gauche, qui a permis à la majorité de faire "coup double": "à la fois on déstabilise le parti socialiste et on dépouille François Bayrou d'une de ses idées-forces", celle de prendre les meilleurs talents, quelle que soit leur appartenance politique.
"Cela a coupé l'herbe sous le pied de la gauche et du MoDem qui avaient fourbi leurs arguments sur l'Etat UMP et la concentration des pouvoirs", estime-t-il.
Pour Philippe Braud, "la très grande habileté de sa stratégie politique aura été servie par les faiblesses de ses adversaires: le vieillissement du chef du FN, les divisions du PS".
Pour autant, si le chef de l'Etat et son gouvernement devaient avoir les mains libres, une majorité parlementaire écrasante n'augure pas forcément d'une plus grande capacité à faire accepter des réformes, dont certaines seront douloureuses.
"Le capital électoral s’érode avec le temps: c’est pourquoi Nicolas Sarkozy a tout intérêt à presser le rythme des réformes, sans donner toutefois l’impression de les imposer à la hussarde", souligne M. Braud.
Pour Jérôme Fourquet, la vague bleue à l'Assemblée "n'est pas obligatoirement le signe que toutes les réformes vont passer comme lettre à la poste". "Tout commence demain", a-t-il ajouté.
Commentaires