François Bayrou poursuit sa progression dans les sondages où il atteint jusqu'à 19% des intentions de vote au premier tour, réduisant l'écart qui le sépare de ses principaux rivaux, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Le candidat UDF, qui bataille inlassablement contre le clivage droite-gauche et promet de former un gouvernement d'union nationale s'il accède à l'Elysée, ne cesse de monter depuis janvier. De 6% en début d'année, il a atteint 17% dans quatre sondages publiés depuis une semaine et même 19%, son plus haut niveau, dans une étude Ifop mardi.
Celle-ci a été réalisée après la présentation de son programme de "social-économie", mais avant son passage lundi soir à l'émission de TF1 "J'ai une question à vous poser" où il a attiré 6,68 millions de téléspectateurs, moins que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Progressivement, le candidat centriste réduit l'écart qui le sépare des deux premiers. Ainsi, pour l'Ifop, il n'est plus qu'à 6,5 points de Ségolène Royal, comparé à 16 points d'écart mi-janvier. Une autre étude Ifop a montré qu'il talonne Mme Royal dans l'électorat enseignant, traditionnellement à gauche, avec 27% d'intentions de vote au premier tour contre 31% pour la candidate socialiste.
M. Bayrou se montre de plus en plus confiant dans sa capacité d'accéder au second tour. En déplacement à Metz mardi, il lançait à la presse qui l'interrogeait sur sa position de "troisième homme": "on changera assez vite de numéro!". Les sondeurs relativisent cependant ces résultats en soulignant la fragilité de son électorat. "C'est chez les électeurs de François Bayrou que la part des indécis est la plus élevée: 62% pourraient choisir un autre candidat", relève Frédéric Dabi, directeur du département opinion publique de l'Ifop.
Selon M. Dabi, l'électorat de M. Bayrou reste majoritairement à droite, même si la part de l'électorat de gauche a tendance à s'accroître. Et pourtant, "son électorat se reporte majoritairement sur Ségolène Royal au second tour". Selon un sondage LH2 publié lundi, 62% des électeurs de M. Bayrou voteraient Royal au second tour. Ce qui accrédite l'idée que le candidat UDF attire aussi bien au premier tour la droite anti-sarkozyste que les déçus de la campagne de Ségolène Royal.
"Il a gagné successivement sur des déçus de la gauche" puis "des gens qui étaient un peu déçus par les orientations excessivement libérales à leur goût de Nicolas Sarkozy", commentait lundi Roland Cayrol, directeur de CSA. Depuis qu'il monte dans les sondages, le président de l'UDF est sous les tirs croisés de l'UMP et du PS. Toutes les figures de l'UMP reprennent en coeur depuis lundi l'accusation lancée par Nicolas Sarkozy: François Bayrou, c'est "le retour à la IVème République".
Quant au PS, il ne voit en M. Bayrou "qu'une variante de la droite", selon les termes de Jack Lang, et cible ses propositions. La création de deux emplois sans charge par entreprise a déjà été expérimentée "dans les années 1993-95" et s'est révélée "massive, coûteuse et inefficace", selon Michel Sapin, secrétaire du PS à l'économie. M. Bayrou affirme voir dans la multiplication des attaques une "reconnaissance", et renvoie dos à dos PS et UMP, qui assurent que le vote Le Pen est sous-estimé dans les sondages.
Jean-Marie Le Pen est leur "assurance tous-risques", affirmait-il à Metz. "S'il est au second tour, les autres sont sûrs de gagner avec 80% des voix".
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