A Bordeaux, Sarkozy dénonce les "basses manoeuvres" destinées à salir

Nicolas Sarkozy, candidat UMP à l'élection présidentielle, s'est déclaré jeudi à Bordeaux déterminé à combattre les "basses manoeuvres" de ceux qui "n'ont pas d'idée" et "préfèrent salir que débattre".

Au lendemain de la publication par le Canard enchaîné d'un article selon lequel il aurait bénéficié d'un rabais substantiel pour l'achat, en 1997, de son ancien appartement de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), M. Sarkozy est revenu longuement sur des "calomnies" qui l'ont "blessé".

"Je suis prêt à relever tous les défis", a-t-il déclaré lors d'une réunion publique, devant environ 10.000 personnes, selon l'UMP.

Mardi alors qu'il se trouvait à Madrid, M. Sarkozy, informé de la publication le lendemain de l'article, s'était déclaré "blessé" par des "accusations mensongères" et "opportunes dans le calendrier électoral". Il avait ajouté: "je n'accuse personne".

S'il n'a cité aucun nom, M. Sarkozy a néanmoins été plus précis, en dénonçant "les adeptes des basses manoeuvres" qui "n'ont pas d'idée, pas d'argument, parce qu'ils préfèrent salir que débattre, parce que ne sachant comment convaincre, ils préfèrent discréditer".

"Je ne me laisserai pas détourner de mon objectif. Aucun mensonge, aucune calomnie ne me fera hésiter, encore moins reculer", a-t-il affirmé.

Plusieurs caciques de son parti l'accompagnaient à Bordeaux et en Gironde où il est allé rencontrer des viticulteurs: pas moins de deux anciens Premiers ministres (Alain Juppé, maire de Bordeaux, et Jean-Pierre Raffarin), cinq ministres (Michèle Alliot-Marie, Jean-François Copé, Dominique Perben, Dominique Bussereau, Brice Hortefeux), et deux anciens ministres (Eric Woerth et Xavier Darcos).

Mais il n'est pas sûr que le soutien de tous ces "poids lourds" de l'UMP - qui faisaient penser aux "éléphants" du Parti socialiste autour de Ségolène Royal la semaine dernière et que l'UMP ne s'était pas privée de railler - ait été du goût de M. Sarkozy, adepte de la "rupture", même "tranquille".

En tous les cas, pas de son équipe rapprochée. "On aurait préféré que Michèle Alliot-Marie et Jean-Pierre Raffarin ne soient pas là", ont ainsi confié à des journalistes deux proches du candidat. "Ce n'est pas bien d'afficher le passé quand on veut incarner le futur", a ajouté l'un d'entre eux.

Dans l'après-midi, M. Juppé avait affirmé être là en tant que "voisin", avant de se rattraper et d'ajouter: "et d'ami".

Prenant la parole avant M. Sarkozy, le maire de Bordeaux, longtemps considéré comme le "dauphin" naturel de Jacques Chirac, avant ses ennuis judicaires, a lancé au public: "je sais que vous êtes impatients d'écouter Nicolas Sarkozy. Mais je voudrais d'abord vous faire part de deux ou trois réflexions qui pourront servir demain".

Et de dérouler, dans un discours très construit et prononcé sur un ton volontariste, quelques pistes à suivre: que "la France continue de faire entendre sa voix en se donnant les moyens matériels et moraux", et que "l'Europe devienne le lieu où s'invente la croissance écologique".

Quelques instants plus tard, quand M. Sarkozy a lancé à son endroit: "ça fait longtemps qu'on travaille ensemble, quelque chose me dit que ce n'est pas fini", le maire de Bordeaux, assis au premier rang, n'a pas cillé.

Nicolas Sarkozy pourra toutefois se targuer d'avoir reçu le soutien chaleureux de Maurice Druon, académicien et gaulliste de la première heure, à qui il a rendu visite, chez lui, à Artigues-de-Lussac.

"Nicolas Sarkozy, c'est ma descendance. S'il avait eu l'âge, il aurait été chez de Gaulle avec moi", a-t-il assuré.