Ségolène Royal a franchi un nouveau palier dans ses attaques contre Nicolas Sarkozy, jeudi à Besançon, s'en prenant pour la première fois nommément à lui pour lui reprocher de "promettre tout le contraire de ce qu'il fait".
A dix jours du premier tour de la présidentielle, la candidate socialiste a accusé son adversaire UMP de manquer de "morale", lors d'une réunion publique devant quelque 5.000 personnes.
"Lorsqu'on est candidat à la plus haute fonction de l'Etat, je crois qu'il y a un minimum de pudeur, de morale, d'exigence de vérité, de crédibilité. Comment peut-il être crédible demain en promettant tout le contraire de ce qu'il a fait ?", a ajouté la candidate socialiste.
Selon Mme Royal, M. Sarkozy, dont le nom a été copieusement sifflé par les militants, a "promis des choses invraisemblables" aux salariés d'Airbus qu'il a rencontrés le même jour à Toulouse. "M. Forgeard (l'ex-président d'EADS) est parti avec la caisse: il leur a dit qu'il n'était pas d'accord (...), que tous les emplois seront maintenus. Mais qui était au pouvoir lorsque M. Forgeard a été nommé? C'est M. Sarkozy! Qui était au pouvoir quand le gouvernement actionnaire l'a autorisé à partir avec une cassette de huit millions d'euros? C'est M. Sarkozy! Qui a osé nous répondre que l'Etat ne pouvait rien faire (quand le plan de suppressions d'emplois a été connu, NDLR)? qui a autorisé en tant qu'actionnaire le plan Power 8?", a accusé Ségolène Royal. "M. Sarkozy", a répondu la foule.
Selon elle, entre les candidats de l'UMP et du PS, ce sont "deux conceptions, deux visions de l'avenir, deux manières d'envisager l'exercice du pouvoir" qui s'opposent. Comme la veille à Metz, elle a dénoncé chez son rival "une méthode faite de brutalité, de mensonge, de ruptures, de fractures", lui opposant "la force sereine d'un changement efficace". M. Sarkozy, a-t-elle poursuivi, représente "un Etat soumis au Medef, aux groupes financiers". "Moi, je veux être garante d'un Etat impartial qui diminuera son train de vie et garantira le pluralisme des médias", a-t-elle assuré.
Visant là encore le candidat de l'UMP, Ségolène Royal a aussi dénoncé "cette insupportable théorie où on va débusquer le gène de la pédophilie ou de la délinquance". Dans un récent entretien avec le philosophe Michel Onfray paru dans Philosophie magazine, M. Sarkozy assurait "incliner (...) à penser qu'on naît pédophile". Pour Mme Royal, "les pédophiles doivent se voir reconnaître leur responsabilité. Ils ne sont pas malades, ils sont des prédateurs d'enfants. Donc, ils doivent être poursuivis et condamnés en tant que tels".
Elle a défendu à nouveau son "contrat première chance" pour les jeunes non qualifiés, l'appelant, comme à Carmaux une semaine plus tôt, "contrat nouvelle chance". Ce contrat, "nous le ferons", a-t-elle déclaré. Dans une ville rendue célèbre par le conflit des horlogers de Lip il y a bientôt trente ans, elle a rendu hommage aux ouvriers qui "ont défendu leur outil de travail avec acharnement, avec audace" en continuant de travailler et de produire en occupant leur usine.
Pour rééquilibrer les rapports Nord-Sud et "réformer profondément l'aide au développement", elle a prôné "l'instauration d'une taxe sur les opérations financières".
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