Haut et fort, Yannick Noah a annoncé, jeudi 5 avril, son soutien à Ségolène Royal. "A gauche, à gauche, toujours à gauche", s'est exclamé, sur RTL, l'ancien vainqueur de Roland-Garros (1983), devenu chanteur à succès. Un ralliement de poids pour la candidate socialiste : Yannick Noah est considéré comme la deuxième personnalité préférée des Français (derrière Zinedine Zidane), selon le baromètre du Journal du Dimanche.
Ségolène Royal a eu beau proclamer sa "volonté de faire de la France une grande nation sportive", en février à Marcoussis (Essonne), centre d'entraînement du rugby français, et affirmer que pour elle "les sportifs de haut niveau sont les héros des temps modernes", elle suscite la sympathie mais guère la mobilisation dans ce milieu. Questionné par le magazine gratuit Sport, le navigateur Franck Cammas (skipper de Groupama 3) avait déclaré se sentir proche de la candidate PS. Mais à la publication de son nom, il a précisé dans un communiqué : "Le fait d'être proche d'un candidat ne signifie pas que je m'engage politiquement et encore moins que je le soutiens", affirmant qu'il pensait que la question faisait partie d'un sondage et que les réponses seraient anonymes – ce que Sport a démenti. Dans certaines disciplines, comme la voile, où la quête de sponsors est vitale, la neutralité du sportif est préférable.
Noah a justifié pour sa part son engagement à gauche par son aversion pour le candidat de droite : "Je serais profondément déçu si Nicolas Sarkozy était élu, pour moi, pour tous les travailleurs immigrés, pour tous les gens qui sont obligés de prouver au quotidien qu'ils sont Français, même pour ceux qui, comme moi, sont nés en France." Même inquiétude pour Lilian Thuram, le défenseur de l'équipe de France, qui a dénoncé, en janvier, la vision, selon lui, "raciale" qu'aurait Nicolas Sarkozy des questions de délinquance, en évoquant l'entretien qu'il avait eu avec l'ancien ministre de l'intérieur après la crise des banlieues de l'automne 2005. Pour autant, le footballeur, membre du Haut conseil à l'intégration, n'a jamais annoncé ouvertement son soutien à Ségolène Royal, ni à aucun autre candidat d'ailleurs. Même s'il s'est félicité, fin janvier, de l'exclusion de Georges Frêche du PS – le maire de Montpellier avait regretté, mi-novembre, qu'il y ait "neuf blacks sur onze" en équipe de France. "Le racisme latent s'est complètement réveillé et il y a des discours qui ne peuvent plus passer", estime Lilian Thuram.
LE MONDE DU TENNIS, UN BON VIVIER POUR SARKOZY
Si Nicolas Sarkozy est le candidat qui cristallise le plus d'oppositions ouvertes, il est aussi celui qui fédère le plus de sympathisants déclarés dans le monde du sport. "Sportif lui-même, il compte des amis de longue date dans ce milieu", souligne le cavalier Pierre Durand, médaillé olympique à Séoul en 1988. Secrétaire national pour le sport de l'UMP, il a été chargé de la constitution d'un comité de soutien de personnalités sportives. Aux côtés des sympathisants habituels qui ne font pas mystère de leur penchant pour la droite, tels le judoka David Douillet, le pilote Hubert Auriol ou le patineur Philippe Candeloro, on trouve dans ledit comité de nouveaux venus, jeunes retraités ou champions encore en activité, comme le rugbyman Imanol Harinordoquy ou le tennisman Fabrice Santoro. Le monde du tennis est un bon vivier pour Nicolas Sarkozy : il y a tissé de nombreux liens lorsque, avocat, son cabinet défendait la Fédération française.
A quinze jours du premier tour, le comité de soutien compte 110 noms, qui seront réunis, samedi prochain, pour une fête au QG de campagne de l'UMP. "Certains sont venus spontanément, d'autres, suite à leurs déclarations dans la presse, ont été contactés. Pour être certain de leur soutien, je les ai tous rappelés, affirme Pierre Durand. En fait, il y a plus de 500 personnalités du milieu sportif qui m'ont dit être des sympathisants. Je crois qu'ils se reconnaissent dans l'homme : dans sa volonté de s'impliquer dans l'action et dans son franc-parler. Certains ne veulent pas afficher publiquement leur soutien parce que leur image fait partie de leur fonds de commerce, et qu'ils ne veulent pas la compliquer… Ils savent que Nicolas Sarkozy suscite parfois des sentiments controversés."
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