Pour affronter Sylvie Andrieux, tenace députée PS sortante dans la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône, l'UMP a choisi Nora Remadnia-Preziosi, une "fille des quartiers" populaires du nord de Marseille, issue d'une famille algérienne de 13 enfants et réputée pour son franc-parler.
A priori, tout oppose les deux femmes.
Blonde aux yeux bleus, connue pour ses tailleurs chics aux couleurs vives, Mme Andrieux, cadre dans une société privée du port de Marseille, est parfois qualifiée de "bourgeoise" par ses détracteurs.
Elle est entrée en politique dès 15 ans dans le sillage de son père, le sénateur PS Antoine Andrieux - un des barons du defferrisme - et de sa marraine Irma Rapuzzi, sénatrice et également proche collaboratrice de Gaston Defferre. Mais elle a gagné ses galons de députée en 1997 dans cette circonscription de 52.000 électeurs, dont les barres d'immeubles HLM et les Îlots villageois balancent entre gauche et extrême droite et est devenue une élue de terrain aguerrie.
Brune à l'oeil de braise, "Nora" revendique, voire cultive ses manières fort-en-gueule et "pur beur" de fille d'immigrés proche du petit peuple des quartiers Nord. Elle a exercé de nombreux emplois (femme de ménage, standardiste, coiffeuse) jusqu'à son mariage avec un avocat "de gauche". Et n'a pour toute expérience politique qu'une présence en queue de liste aux dernières élections régionales et européennes.
La candidate UMP a bien milité pour le PCF quand elle avait 16 ans mais "c'était sous la pression de sa soeur". "Et dès que j'ai travaillé, je me suis dit que je n'étais pas communiste. Je suis profondément de droite", dit-elle.
Elle affirme se moquer d'être considérée comme la "beurette de service". "Mon métier de coiffeuse, je l'ai très bien fait. Et donc la politique, je la ferai très bien!", lance en riant "Nora", qui veut tout simplement "améliorer la vie dans les quartiers où la gauche n'a rien fait en 40 ans".
Malgré des parcours différents, les deux candidates sont proches à plus d'un titre. Par l'âge : 45 et 46 ans. Même style élégant et déterminé, même assurance chez ces deux femmes qui arpentent au pas de charge la circonscription.
"On essaye de faire tout le secteur au moins une fois par an, hors période électorale. C'est six heures par jour en période de campagne", assure Sylvie Andrieux. "Ici, les gens ne lisent pas les journaux, ils ont besoin de vous voir, de vous toucher, de vous sentir", explique la sortante socialiste.
La nouvelle venue de l'UMP applique la leçon à la lettre, seule chance pour elle de pouvoir espérer la victoire dans cette circonscription ancrée à gauche, l'une des seules du département où Ségolène Royal est arrivée en tête aux deux tours. Peut-être aussi la seule de Marseille à rester socialiste après les législatives.
Dans une zone où le taux de chômage atteint 30%, les thèmes de campagne s'imposent d'eux-mêmes : emploi, logement, sécurité. Les mêmes exactement que ceux du candidat du Front national, Stéphane Ravier, battu au second tour par Mme Andrieux en 2002 (63%) et qui peut espérer provoquer une triangulaire. En 1997, le FN était arrivé en tête au premier tour avec 31,2%.
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