Six mois après leur défaite à la présidentielle, le PS et le reste de la gauche ne sont pas encore parvenus à incarner une opposition audible face à Nicolas Sarkozy, malgré la vague de contestation sociale, mais ils espèrent un rebond lors des municipales.
Après le choc de la défaite et la rude épreuve de la politique d'"ouverture" du président de la République, qui a pris dans ses filets des personnalités socialistes, rien n'a vraiment changé au PS.
François Hollande demeure premier secrétaire, aucun consensus ne s'est dégagé sur les causes de l'échec du printemps. Une partie des membres (un tiers environ, selon les fédérations) a pris le large, surtout des adhérents à 20 euros.
Selon le strauss-kahnien Pierre Moscovici, "la crise dépasse de loin les adhérents à 20 euros, elle touche tout le Parti socialiste" mais celui-ci demeure "un parti fort" de par ses bataillons d'élus.
"C'est assez paradoxal. Le gouvernement met en oeuvre une politique qui est résolument de droite (...) Et face à cela, on voit une gauche qui balbutie son discours", estime l'un des "jeunes qui montent", Benoît Hamon.
Selon cet eurodéputé, "le Parti socialiste est devenu une addition de +je+" et cela perdurera tant que ne sera pas tranchée, sans doute à l'automne 2008 lors du congrès, la stratégie du parti.
Du coup, alors que les salariés du secteur public s'apprêtent à battre le pavé pour un mois de novembre qui s'annonce agité, le PS a du mal à tirer parti du mécontentement.
"Les difficultés réelles du gouvernement ne semblent pas profiter à la gauche" qui "n'est pas aujourd'hui plus audible et plus crédible" qu'au printemps, relève Brice Teinturier (Sofres).
Cet analyste ne note "aucun regain de popularité dans l'opinion des leaders de la gauche: Ségolène Royal a beaucoup baissé et on ne voit pas l'émergence d'un leader incontesté".
Selon un sondage IFOP, les Français seraient encore plus nombreux à voter pour Nicolas Sarkozy - et encore moins pour Ségolène Royal - si la présidentielle avait lieu cette semaine.
"Il faut du temps et un travail du côté de la gauche pour préparer une alternance crédible", relève M. Teinturier.
Pour l'heure, c'est encore la cacophonie rue de Solférino: les nombreux ouvrages critiques de personnalités PS sur la campagne de l'ex-candidate ont ravivé la polémique, ne donnant pas l'image d'un parti rasséréné.
La bataille pour la présidentielle de 2012 sous-tend les débats: "Si on continue nos combats de gladiateurs, on arrivera encore une fois en miettes à l'échéance de 2012", prévient Arnaud Montebourg.
C'est à l'occasion des municipales que les socialistes espèrent redorer leur blason, avec une stratégie fixée par François Hollande: unité à gauche mais pas d'alliance avec le MoDem. Reste à savoir si les maires des grandes villes respecteront la consigne.
Sans compter que l'unité de la gauche peine à se réaliser: le patron du PS a enterré le "comité Riposte" intégrant l'extrême gauche. Il préconise un "comité de liaison" de l'ancienne gauche plurielle. Mais la numéro un du PCF, Marie-George Buffet, se rebiffe et dénonce la volonté du PS de lui "chiper" des municipalités.
De leur côté, les Verts, sonnés par le score de Dominique Voynet le 22 avril (1,57%), peinent à être visibles face à un gouvernement qui, notamment via le "Grenelle de l'environnement", "se peint en vert", selon l'expression d'Yves Cochet. Noël Mamère se demande même si les Verts survivront "jusqu'en 2012".
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