Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a appelé lundi, à l'issue d'une visite au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes, à "développer de toute urgence l'hôpital-prison".
Parce qu'il y a "clairement un problème essentiel qui est celui de la présence dans les prisons de malades, il faut de toute urgence développer ce qu'on peut appeler l'hôpital-prison", a affirmé le ministre devant des journalistes à sa sortie de l'établissement.
Organisé dans les bâtiments d'un ancien couvent, le centre pénitentiaire pour femmes de Rennes regroupait lundi 268 détenues dont 252 condamnées, pour la plupart, à des longues peines.
Sur l'ensemble de ces détenues "environ 15% présentent des troubles psychologiques, avec, pour certaines des schizophrénies lourdes", ont expliqué au ministre les responsables de l'établissement.
Ce qu'a confirmé Karine, une jeune détenue avec laquelle le ministre a conversé longuement: "il y a ici des personnes qui n'y ont pas leur place et qui auraient besoin de structures adaptées", lui a-t-elle dit.
Au point que la psychiatre attachée à l'établissement, le docteur Anne Henry, a pu dire lundi au ministre qu'à son arrivée il y a deux ans, elle n'avait "pas trouvé de différence entre la prison et l'hôpital psychiatrique".
Centaines détenues, a-t-elle ajouté, "vont construire (en prison) un délire pour donner une logique à leur acte. La folie était là, souterraine, mais personne ne pouvait la voir et, en prison, la folie apparaît".
Selon M. Sarkozy, des structures comme "l'hôpital-prison" permettraient "de mettre dans des établissements d'un nouveau type des femmes et des hommes qui ont besoin d'être soignés et qui peuvent présenter un danger à la fois pour la société et pour leurs co-détenus".
Le ministre s'est également beaucoup intéressé aux "unités de vie familiales" (UVF) qui permettent aux détenues, dans trois "appartements" aménagés dans l'enceinte du centre pénitentiaire, mais à l'écart de l'ensemble carcéral proprement dit, de recevoir leurs familles jusqu'à 72 heures d'affilée.
Ce sont surtout leurs enfants ou leurs parents qu'elles y retrouvent, plus que leurs compagnons dont la plupart sont soit incarcérés ailleurs, soit morts, soit les ont abandonnées.
Cela "nous procure un vrai bonheur", ont confirmé deux jeunes détenues avec lesquelles le ministre s'est longuement entretenu dans une de ces UVF.
Nicolas Sarkozy était accompagné de Patrick Devedjian, avocat et ancien ministre de l'Industrie, ainsi que de Christine Boutin, députée UMP des Yvelines, qui a participé à la commission parlementaire sur les prisons, rejoints sur place par Pierre Méhaignerie, ancien garde des Sceaux, et député UMP de Vitré.
Le ministre de l'Intérieur s'est déclaré "ému par cette visite (qui l') a beaucoup touchée".
Commentaires